Docteur Stéphane CASCUA
Médecine et traumatologie du sport
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« LE CARTILAGE SE NOURRIT PAR IMBIBITION. VARIATIONS DE PRESSION ET MOUVEMENTS SONT INDISPENSABLES A SA TROPHICITE «
Le sport a une action ambivalente sur le cartilage. Des activités inadaptées et excessives favorisent l’arthrose. En revanche, un exercice bien conçu entretient la trophicité chondrale et donc la qualité du cartilage.
Le sport peut favoriser l’arthrose
Les traumatismes articulaires et leurs séquelles constituent la première cause d’usure cartilagineuse chez le sportif. Les méniscectomies altèrent l’amortissement de la charge, la répartition des contraintes et la stabilité des genoux. Bon nombre de lésions méniscales invalidantes ont un effet «nid de poule » agressif lors du glissement des pièces articulaires. Quel qu’en soit l’emplacement, les entorses et les instabilités résiduelles sont responsables de chocs et de frottements anormaux eux aussi délétères.
Ainsi, on comprend également pourquoi les « laxités constitutionnelles » et les anomalies d’axes des membres inférieurs sont aussi des facteurs de risque. Les disciplines nécessitant des mouvements de grandes amplitudes au sein de la coxofémorale sont délétères. En effet, la bipédie nous a imposé une articulation de hanche particulièrement stable. Une tête fémorale volumineuse ou un cotyle très couvrant majorent parfois cette congruence. Dans ces conditions, les activités comme la danse, la gymnastique, les arts martiaux ou le football provoquent l’impaction du fémur sur l’os iliaque. Les lésions chondrales et les ostéophytes qui en résultent initient le cercle vicieux arthrogène. Le sport de haut niveau avec déplacements latéraux et pivots imposent des frictions et des contraintes tangentielles qui dégradent le cartilage. En effet, les fibres chondrales sont placées en arceaux, ancrées dans le socle osseux. Seule une fine couche superficielle est parallèle à la surface articulaire. La portion la plus longue est perpendiculaire et résiste bien aux impacts axiaux. De fait, l’effet de la course à pied, même intensive, reste débattu. Une étude longitudinale de 15 ans menée par ZATARIAN ne montre pas d’aggravation de l’arthrose de genou et de hanche chez les coureurs … ne dépassant pas 30 à 45 kilomètres hebdomadaires.
Le sport entretient le cartilage
Le cartilage n’est pas vascularisé. Ces nutriments proviennent de l’os sous-jacents et de la membrane synoviale. Ils sont pompés grâce aux variations de pression liées aux déplacements des pièces articulaires. Le cartilage se nourrit par imbibition. A l’inverse, les études animales mettent en évidence qu’en immobilisant de façon prolongé une articulation, on assiste à la nécrose des points de contacts chondraux. Le mouvement se révèle indispensable à la trophicité du cartilage. Bien évidemment, un compromis s’impose pour limiter son usure. Le cyclisme illustre parfaitement cette ambivalence. Pédaler lentement contre une forte résistance a tendance à raboter et altérer le cartilage rotulien. Rapidement des douleurs peuvent survenir. Pour une même vitesse de déplacement, «tourner vite les jambes» sur petit braquet nourrit et polit le cartilage. Un mouvement de grande amplitude, comme à vélo, permet à un maximum de surface articulaire de profiter de ce mécanisme. WLUKA a étudié des IRM de cuisse. L’épaisseur du cartilage du genou était beaucoup mieux corrélée au volume musculaire qu’au sexe. Ainsi, les femmes souffriraient plus fréquemment d’arthrose car elles seraient moins fortes. En effet, des muscles forts, endurants et coordonnés contribuent à un mouvement articulaire plus harmonieux, moins délétère pour les surfaces chondrales. Si les impacts axiaux de la course à pied pratiquée en quantité raisonnable favorisent la santé du cartilage, on comprend qu’un programme sportif diversifié, complémentaire, modéré et minimisant le risque traumatique contribue à la prévention de l’arthrose.
Un programme sportif pour la santé du cartilage
On peut s’inspirer du rapport de l’INSERM sur l’activité physique pour la santé pour proposer 3 séances hebdomadaires d’endurance et 2 de renforcement musculaire. Elles durent chacune de 20 à 60 minutes. Les premières alternent volontiers, marche active, natation, aquagym, vélo, footing ou cardiotraining sur appareil. L’intensité est modérée telle que le sportif puisse « parler mais pas chanter ». Les secondes sont classiquement constituées d’une dizaine d’exercices différents au cours desquels la charge est soulevée 8 à 12 fois. Pour limiter l’agression articulaire, on peut opter pour la « musculation endurance » ou « parcours de musculation » en utilisant des charges légères mobilisées 30 à 40 fois. Dans chaque cas de figure, pour valider la série, la dernière répétition est très difficile ou incomplète. La gym d’entretien, souvent plus féminine et plus conviviale, peut faire office de séance de renforcement. Les cours de fitness chorégraphiques bénéficient de concept associant travail cardiovasculaire et renforcement musculaire. Dans ce contexte, il est hautement probable que des compléments nutritionnels appropriés favorisent l’adaptation et la santé du cartilage. Une association synergique de glucosamine et chondroïtine apporte les acides aminés spécifiques des fibres chondrales. Le cuivre est le bienvenu comme cofacteur des enzymes participant à la synthèse de ce conjonctif très différencié. La reine des prés contient notamment de l’acide acétyl-salycilique. Son effet totum assure une limitation de l’emballement inflammatoire source de douleurs et destruction cartilagineuse.
RÉFÉRENCES
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